épisode 1 : avant l'Association

Publié le par astroJR

(Allez, je me lance, une d'articles inutiles que ne liront probablement que ceux qui connaissent déjà...)

 

Donc, l'Association, disais-je.

 

 À la fin des années 1980/ début 1990, la bande dessinée (en France du moins) traverse une crise. Ou plutôt une sorte d'encroûtement : commercialement, les albums "standardisés" se vendent plutôt bien, mais les périodiques périclitent, et le contenu s'appauvrit. Pour ce seul billet, avant d'y revenir, un petit rappel sur les deux décennies précédentes :

 

 - Après 68, le journal Pilote est en ébullition ; de nouveaux auteurs (et quelques anciens aussi d'ailleurs) expérimentent, repoussent les limites, inventent. Et choquent aussi parfois. En 72, Mandryka se tire sur un refus de Goscinny de publier le jardin zen (qu'on peut lire là-dedans) et entraîne à sa suite Gotlib et Brétécher pour fonder l'Echo des Savanes.

 - Ce départ en entraîne d'autres, et d'autres créations de revues, journaux, maisons d'éditions "indépendants" : Fluide Glacial, Métal Hurlant, etc. La bande dessinée change de registre et de public ; elle s'autorise la pornographie (à l'époque ça a un certain sens), la poésie (mais oui), la politique. Moebius, dans Métal Hurlant, publie des choses folles comme Arzach . On trouve aussi dans ces revues (surtout dans l'Echo, puis dans Charlie Mensuel) l'echo de l'underground américain lui aussi en plein essor.

 - D'autres familles d'édition connaissent elles aussi de grandes nouveautés : Losfeld publie Forest, Casterman lance À Suivre... où publient Tardi, Comès, Pratt, etc.

 - Enfin naissance d'une critique de la bande dessinée, avec les cahiers de la bande dessinée par exemple, la popularisation de la notion de neuvième art (idée de... Morris, étonnant, non ?), le festival d'Angoulême...

 

Cette effervescence retombe un peu dans les années 80, du moins en ce qui concerne l'édition : L'Echo meurt (du moins dans sa formule originale), À suivre se perd dans des erreurs esthétiques / esthétisantes, Fluide survit en se banalisant un peu (malgré des génies comme Goossens). Métal Hurlant a des hauts et des bas, mais on y rencontre là aussi des auteurs d'une modernité certaine. (Comme Chaland .) Même une vénérable institution du bon goût chrétien en matière de publications pour la jeunesse (Spirou) connaît de sérieuses transformations et un renouveau des styles, avec des auteurs comme Hislaire ou Le Gall... Mais rapidement (avec notamment l'essor d'éditeurs jusque là secondaires comme Glénat), les périodiques perdent des lecteurs, et "bédé" (on ne dit plus "bande dessinée", ça reviendra) devient vite synonyme dans les faits à "album cartonné en couleurs de 48 à 60 pages maximum, généralement décliné en séries centrées autour d'un héros récurrent et inaltérable, destiné à un lectorat jeune, ou alors illettré". Oui, c'est assez réducteur. En gros, c'est une révolution ratée, comme il y en a eu d'autres...

 

 Dans ces années 80, pourtant, d'autres voix se font entendre. Notamment (c'est plus qu'un exemple en fait) Futuropolis , né en 1972 en même temps que l'Echo. D'abord librairie, puis rapidement maison d'édition, qui se forme un catalogue impressionnant d'exigence et d'audace, en pratiquant abondamment la réédition du patrimoine, comme l'édition d'auteurs "pas dans la norme" : voir par exemple les bouquins de Baudoin, totalement à contre-courant de l'époque, et pourtant tellement essentiels... L'Association est un peu un enfant de Futuro, suite au prochain épisode...

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