L'Association ne va pas mieux

Publié le par astroJR

 Aux débuts de la crise de l'Association il y a quelques mois, j'avais prévu de faire une série d'articles ici pour parler un peu de cet éditeur de bande dessinée qui m'a en quelque sorte réappris à lire il y a quelques années. Et puis, la crise s'avérant sévère, je n'ai pas eu l'envie de continuer, n'étant pas à l'aise avec l'idée d'en rajouter une couche dans ce brouhaha. On trouvera ailleurs tous les détails de cette histoire, du site du comité de soutien aux communiqués de Menu, d'ActuaBD (pouah !) à Bulledair, etc. Et même quelques echos dans Libé ou Télérama... La dernière nouvelle en date était attendue, mais j'ai eu la naïveté de croire un moment qu'on l'avait évité, du moins pour un temps : Menu quitte l'Association. Il claque la porte, bruyamment...

 

 Du coup, ce billet risque d'être un peu auto-centré : tant pis pour mon nombril, mais je ne sais pas trop comment parler de l'Asso autrement que dans l'affectif...

 

 Le départ de Menu, c'était sans doute inévitable, mais que c'est triste ! Lorsque David B. avait quitté l'Asso en 2005, peu après mon adhésion, je me rappelle du mail de mon frère me mettant au courant : "la Dissociation"... Un jeu de mot à la Menu... J'avais du mal à y croire : si j'avais adhéré, c'était en grande partie parce qu'après avoir lu Persepolis "comme tout le monde", j'étais allé jeter un coup d'oeil sur ce que pouvait bien avoir commis l'auteur de la préface. Et j'en était resté baba ! Sinon, je connaissais déjà un peu Trondheim (à travers ses Lapinot chez Dargaud), un peu Sfar (à peine en fait, j'étais vraiment naïf !), tout ce courant m'attirait. Ah, et j'ai lu Le Voyage de Baudoin, aussi : là, je tombais sur des choses vertigineuses, des bouquins que peu de temps avant j'aurais à peine qualifié de "BD". C'en était fini des albums cartonnés couleur, de la bédé à papa, des séries, des héros, de la gentille et rassurante sérénité d'une sous-littérature. Je devenais intégriste, même Hugo Pratt me semblait dépassé ! J'avais lu Maus de Spiegelman un peu trop jeune, je n'en avais pas saisi toute la force. En peu de temps (c'était vers 2001-2002, je venais de rentrer à l'ENS Cachan, il y avait la med'... J'y ai aussi appris le go) je me construisais un nouveau paysage culturel. Je découvrais les classiques : il était temps de lire Moebius par exemple. Ou Eisner. Evidemment je mélange un peu, je ne sais plus qu'est-ce que j'ai lu quand, dans quel ordre, mais en gros il n'y avait pas d'ordre, je dévorais. J'ai d'ailleurs mieux perçu alors cette BD "classique" que j'avais dénigré un temps, rassurez-vous, Pratt est sauvé, Franquin aussi.

 

 J'ai franchi le pas en 2004 et envoyé un carton d'adhésion. L'Association était un truc alors vaguement mythique pour moi, avec ses étranges rites, des images-chocolat aux surnoms 'pataphysiques en diable de ses fondateurs. En gros, j'adhérais à une secte le coeur content ! (Je précise qu'il n'y a rien de péjoratif là-dedans : c'était presque mon ressenti du moment, mais tant qu'à choisir une secte, autant en prendre une bonne.) Et évidemment les bouquins achetés étaient fabuleux... Mais le départ de David B., je pense qu'on a été pas mal à avoir du mal à le digérer. Surtout, on ne le comprenait pas. On comprenait bien que c'était lié aux rapports houleux entre David B. et Menu, mais c'était assez flou. Sont venus ensuite (presque immédiatement) Plates-Bandes, la revue critique L'éprouvette, le départ des autres fondateurs... En un an à peu près, le discours s'était brutalement radicalisé, et s'il avait des qualités (quelques très belles pages de Christian Rosset dans L'éprouvette par exemple), il frisait aussi un certain ridicule dans ses poses (les attaques systématiques de Menu sur certains auteurs par exemple). J'en ai eu marre, et finalement je n'ai pas renouvelé mon adhésion... en 2009 ! (j'ai mis du temps). D'excellents bouquins continuaient à sortir, mais l'éventail des formes et des styles semblait se réduire, et pas toujours dans le sens du meilleur. Et puis on sentait le feu couver... La crise récente fut moche, parfois indigne, mais elle a eu de beau moments : notamment on ne peut que se réjouir de voir les fondateurs toujours autant attachés à l'Asso. Le nouveau bureau (provisoire) est dirigé par David B., secrétaire Killoffer, trésorier Lewis Trondheim. Mattt Konture et Mokeit y sont toujours. Mais Stanislas et Menu ont maintenant quitté le navire. Pas fini donc... et l'Asso sans Menu, ça va être tout aussi dur à tenir que l'était l'Asso sans David B. ni Trondheim ni Killo ni, ni...

 

 Allez, quelques bonnes nouvelles quand même, l'Association n'est pas morte. Elle devrait sortir notamment dès octobre prochain l'intégrale de L'Ascension du Haut Mal de David B. , et pour ceux qui seraient passé à côté, et ils sont encore trop nombreux, c'est un chef d'oeuvre à lire absolument ! Et donc à acheter quand il sortira, l'Asso a besoin de ça !

 

Publié dans BD

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