Allain Leprest, au Bataclan, chez lui !
Mercredi soir, j'étais au concert du grand Allain Leprest et ses invités au Bataclan.
Leprest est un géant. Je l'ai déjà évoqué quelques fois sur ce blog, il était temps de le dire : c'est tout simplement l'un des quelques grands génies vivants de la chanson francophone. Voilà plus de vingt ans qu'il a sorti son premier disque, vingt ans que Nougaro l'a salué comme "l'un des plus foudroyants auteurs de chansons au ciel de la langue française" (rien que ça !), vingt ans que les médias, presque sans exceptions, le boudent. À la sortie de son dernier disque studio, Donne-moi de mes
nouvelles (2005), on a un peu parlé de lui dans la presse spécialisée, puis il est retombé lentement dans l'oubli paresseux du ronron médiatique. Peu après, il est tombé gravement malade, et on a sérieusement craint le pire. Autour de lui, tous ceux, dans la profession de la chanson, qui lui doivent un petit quelque chose, ne serait-ce que de les avoir touché au coeur, se sont réunis, l'ont soutenu financièrement (être malade quand on est intermittent, c'est terrible), et moralement bien sûr, après son hospitalisation. Puis doucement il a repris la scène, casquette vissée au crane désormais chauve, voix un peu plus cassée qu'avant. Et l'élan de sympathie de ses amis chanteurs a donné lieu à un beau projet, chez Leprest, un disque (et bientôt un deuxième !) dans lequel sa fille Fantine, Olivia Ruiz, Daniel Lavoie, Michel Fugain, Jean Guidoni, Hervé Vilard, Jacques Higelin, Loïc Lantoine, Sanseverino, le groupe Mon Côté Punk, Nilda Fernandez, Agnès Bihl, Enzo Enzo, Jamait, Jehan ont chanté ses chansons. Un disque qui fut une petite merveille.
Le concert d'hier soir était dans la continuité du disque chez Leprest : ses amis sont venus chanter ses chansons dans son bistrot imaginaire ; sur scène, c'est un peu lourdement appuyé : à droite de la scène, un bar avec tireuse, quelques tables et chaises, un serveur ; à gauche le Steinway et les musiciens ; les chanteurs vont alterner au centre de la scène. La salle est pleine comme un oeuf, des fauteuils dans la fosse, mais plein de gens debouts tout autour (dont moi). Et malheureusement, pas mal de bruit parasite du côté du bar, des portes d'entrée qui claquent, sans compter le gros lourd que j'avais dans mon dos, vraiment pas respectueux des artistes... bon, passons, il n'a pas réussi à me gâcher le concert !
Bien sûr, c'est Allain Leprest qui démarre, par Je viens vous voir, accompagné au début par Nathalie Miravette. Piano et voix, le minimum, et c'est parfait : sa voix, surtout, est revenue tout entière, saisissante ; ses mots magnifiques résonnent, l'émotion est palpable, et cette générosité lumineuse, cette chair de poule qu'il vous refile quand il chante des chansons comme Mont Saint Aignan, goodbye Gagarine... Bientôt, Nathalie Miravette va céder la place à Romain Didier, l'alter ego de Leprest depuis leurs débuts : Allain écrit, Romain compose, ils chantent tous les deux ; là, ils chantent ensemble la retraite, une de leur plus belles chansons, moment magnifique, le premier sommet du concert ; puis après quelques autres chansons, Allain va s'asseoir à une table, commande un verre, et la ronde des invités commence. De temps à autre viendront s'ajouter quelques autres instruments : guitare, accordéon, violoncelle, clarinette...
D'abord c'est Enzo Enzo dans Edith, puis Daniel Lavoie et sa grosse voix qui fait sonner Nu, un des textes les plus vertigineux de Leprest. Ensuite Jamait, encore une grosse voix pêchue, qui chante un Saint Max d'anthologie, malgré un trou de mémoire avant le dernier couplet ; Allain Leprest lui vole au secours et ils terminent dans les bras l'un de l'autre ! Suivront Hervé Vilard dans le café littéraire, Olivia Ruiz qui chante une autre chanson que sur le disque : la dame du dixième, Mon Côté Punk dans un c'est peut-être qui fait désormais partie de leur répertoire. Leprest revient chanter quelques titres : Y a rien qui se passe, Il pleut sur la mer... magnifique.
Puis arrive la deuxième vague d'invités. Celui qui m'a le plus impressionné, sur scène du moins, c'est Nilda Fernandez, qui a su magnifiquement se réaproprier une chanson a priori aussi personnelle, autobiographique, que donne-moi de mes nouvelles. Avant le dernier couplet, après les vers "Connaît-on encore Leprest ? Fait-il encore des chansons ?", une partie du public rugit "Oui !"... Troublé, il demandera à Leprest de chanter le dernier couplet avec lui. Dans le désordre, Jehan chante la sulfureuse ton cul est rond, Agnès Bihl le copain de mon père, passant de l'espièglerie au désarroi de façon saisissante, Jean Guidoni chante un j'ai peur habité, Loïc Lantoine, visiblement ému, mec. Leprest chante une valse pour rien avec sa fille Fantine.
Des invités du disque, trois ne sont pas venus au Bataclan : Higelin, Fugain, et Sanseverino ; Allain Leprest a la délicatesse d'éviter les chansons qu'ils chantent sur le disque. Romain Didier, avant de céder la place à Léo Nissim au piano pour la fin du concert, chante SDF. Puis Leprest termine par un dernier set, avec entre autres Bilou, finis les baloches, avant de finir par le prophétique et douloureux avant de finir la bouteille, de son dernier album. En bis, tous le monde reprendra en choeur tout c'qu'est dégueulasse porte un joli nom (avec un petit plantage à la fin, les joies des bis...).
Le concert a été filmé et fera peut-être l'objet d'un DVD ; enfin à noter : ils remettent ça tous ensemble à l'Européen le 19 avril (notez-le !), et la sortie du volume deux de chez Leprest en disque, avec notamment Kent, Francesca Solleville, Romain Didier, ne devrait pas tarder non plus !
Leprest est un géant. Je l'ai déjà évoqué quelques fois sur ce blog, il était temps de le dire : c'est tout simplement l'un des quelques grands génies vivants de la chanson francophone. Voilà plus de vingt ans qu'il a sorti son premier disque, vingt ans que Nougaro l'a salué comme "l'un des plus foudroyants auteurs de chansons au ciel de la langue française" (rien que ça !), vingt ans que les médias, presque sans exceptions, le boudent. À la sortie de son dernier disque studio, Donne-moi de mes
nouvelles (2005), on a un peu parlé de lui dans la presse spécialisée, puis il est retombé lentement dans l'oubli paresseux du ronron médiatique. Peu après, il est tombé gravement malade, et on a sérieusement craint le pire. Autour de lui, tous ceux, dans la profession de la chanson, qui lui doivent un petit quelque chose, ne serait-ce que de les avoir touché au coeur, se sont réunis, l'ont soutenu financièrement (être malade quand on est intermittent, c'est terrible), et moralement bien sûr, après son hospitalisation. Puis doucement il a repris la scène, casquette vissée au crane désormais chauve, voix un peu plus cassée qu'avant. Et l'élan de sympathie de ses amis chanteurs a donné lieu à un beau projet, chez Leprest, un disque (et bientôt un deuxième !) dans lequel sa fille Fantine, Olivia Ruiz, Daniel Lavoie, Michel Fugain, Jean Guidoni, Hervé Vilard, Jacques Higelin, Loïc Lantoine, Sanseverino, le groupe Mon Côté Punk, Nilda Fernandez, Agnès Bihl, Enzo Enzo, Jamait, Jehan ont chanté ses chansons. Un disque qui fut une petite merveille.
Le concert d'hier soir était dans la continuité du disque chez Leprest : ses amis sont venus chanter ses chansons dans son bistrot imaginaire ; sur scène, c'est un peu lourdement appuyé : à droite de la scène, un bar avec tireuse, quelques tables et chaises, un serveur ; à gauche le Steinway et les musiciens ; les chanteurs vont alterner au centre de la scène. La salle est pleine comme un oeuf, des fauteuils dans la fosse, mais plein de gens debouts tout autour (dont moi). Et malheureusement, pas mal de bruit parasite du côté du bar, des portes d'entrée qui claquent, sans compter le gros lourd que j'avais dans mon dos, vraiment pas respectueux des artistes... bon, passons, il n'a pas réussi à me gâcher le concert !
Bien sûr, c'est Allain Leprest qui démarre, par Je viens vous voir, accompagné au début par Nathalie Miravette. Piano et voix, le minimum, et c'est parfait : sa voix, surtout, est revenue tout entière, saisissante ; ses mots magnifiques résonnent, l'émotion est palpable, et cette générosité lumineuse, cette chair de poule qu'il vous refile quand il chante des chansons comme Mont Saint Aignan, goodbye Gagarine... Bientôt, Nathalie Miravette va céder la place à Romain Didier, l'alter ego de Leprest depuis leurs débuts : Allain écrit, Romain compose, ils chantent tous les deux ; là, ils chantent ensemble la retraite, une de leur plus belles chansons, moment magnifique, le premier sommet du concert ; puis après quelques autres chansons, Allain va s'asseoir à une table, commande un verre, et la ronde des invités commence. De temps à autre viendront s'ajouter quelques autres instruments : guitare, accordéon, violoncelle, clarinette...
D'abord c'est Enzo Enzo dans Edith, puis Daniel Lavoie et sa grosse voix qui fait sonner Nu, un des textes les plus vertigineux de Leprest. Ensuite Jamait, encore une grosse voix pêchue, qui chante un Saint Max d'anthologie, malgré un trou de mémoire avant le dernier couplet ; Allain Leprest lui vole au secours et ils terminent dans les bras l'un de l'autre ! Suivront Hervé Vilard dans le café littéraire, Olivia Ruiz qui chante une autre chanson que sur le disque : la dame du dixième, Mon Côté Punk dans un c'est peut-être qui fait désormais partie de leur répertoire. Leprest revient chanter quelques titres : Y a rien qui se passe, Il pleut sur la mer... magnifique.
Puis arrive la deuxième vague d'invités. Celui qui m'a le plus impressionné, sur scène du moins, c'est Nilda Fernandez, qui a su magnifiquement se réaproprier une chanson a priori aussi personnelle, autobiographique, que donne-moi de mes nouvelles. Avant le dernier couplet, après les vers "Connaît-on encore Leprest ? Fait-il encore des chansons ?", une partie du public rugit "Oui !"... Troublé, il demandera à Leprest de chanter le dernier couplet avec lui. Dans le désordre, Jehan chante la sulfureuse ton cul est rond, Agnès Bihl le copain de mon père, passant de l'espièglerie au désarroi de façon saisissante, Jean Guidoni chante un j'ai peur habité, Loïc Lantoine, visiblement ému, mec. Leprest chante une valse pour rien avec sa fille Fantine.
Des invités du disque, trois ne sont pas venus au Bataclan : Higelin, Fugain, et Sanseverino ; Allain Leprest a la délicatesse d'éviter les chansons qu'ils chantent sur le disque. Romain Didier, avant de céder la place à Léo Nissim au piano pour la fin du concert, chante SDF. Puis Leprest termine par un dernier set, avec entre autres Bilou, finis les baloches, avant de finir par le prophétique et douloureux avant de finir la bouteille, de son dernier album. En bis, tous le monde reprendra en choeur tout c'qu'est dégueulasse porte un joli nom (avec un petit plantage à la fin, les joies des bis...).
Le concert a été filmé et fera peut-être l'objet d'un DVD ; enfin à noter : ils remettent ça tous ensemble à l'Européen le 19 avril (notez-le !), et la sortie du volume deux de chez Leprest en disque, avec notamment Kent, Francesca Solleville, Romain Didier, ne devrait pas tarder non plus !